Le Paracetamol (acétaminophène) est-il véritablement indiqué pour la lombalgie aiguë?
EFFICACITE DU PARACETAMOL SUR LES LOMBALGIES AIGUES
(Efficacy of paracetamol for acute low-back pain: a double-blind, randomised controlled trial.)
OBJECTIFS DE L’ETUDE
Evaluation de l’efficacité de la prise de paracétamol sur les patients présentant une lombalgie aiguë à travers une étude contrôlée randomisée en double aveugle.
MÉTHODE
235 cliniciens australiens (médecins, pharmaciens et kinésithérapeutes) ont recruté 4606 patients lombalgiques. Ils furent ensuite sélectionnés selon les critères d’inclusion suivants : nouvel épisode de lombalgie aiguë (épisode douloureux de moins de six semaines) avec ou sans irradiation radiculaire. Les patients présentant des lombalgies symptomatiques, des antécédents chirurgicaux et utilisant régulièrement des antalgiques furent exclus de l’étude.
Les 1652 patients furent inclus dans l’étude et randomisés en trois groupes :
- prise régulière de paracétamol (3 doses par jour de 4000 mg par jour) (550 patients)
- prise à la demande quand la douleur se fait sentir (maximum 4000 mg par jour) (549 patients)
placebo (553 patients) - La prise de médicament a été faite sur une période de quatre semaines avec un suivi pendant trois mois.
Les résultats de l’étude furent traités en fonction du temps de récupération de la douleur (en jours), de l’intensité douloureuse, du handicap, de la qualité de sommeil et de l’amélioration de la qualité de vie. D’autres éléments ont également été pris en compte comme la satisfaction et les attentes liées au traitement, la demande d’arrêt de travail et les traitements pris en parallèle du protocole.
RÉSULTATS DE L’ÉTUDE
L’étude montre un temps moyen de récupération de 10 jours à travers l’analyse des trois groupes.
Les attentes liées au traitement sont hautes et similaires entre les différents groupes.
Le traitement pris est similaire entre les trois groupes avec une moyenne de 4 comprimés par jour. Chaque groupe rapporte une augmentation de la prise du traitement dans les deux premières semaines du protocole.
A 12 semaines, 85% des participants du premier groupe, 83% du groupe à la demande et 84% du groupe placebo ont noté une amélioration significative de leur douleur. L’étude ne suggère pas de différence dans le temps de récupération entre les trois groupes.
La plupart des patients des trois groupes ont noté une satisfaction concernant leur traitement pris. Peu de traitements on été pris en complément du protocole. 19% des participants ont noté un événement indésirable mais sans différence entre les trois groupes. Le temps de récupération ne diffère pas entre les différents groupes.
CONCLUSION
Ni le groupe de prise régulière, ni le groupe de prise à la demande n’a vu une amélioration de leur temps de récupération en comparaison du groupe placebo.
La prise de paracétamol n’a pas d’effet sur la douleur, le handicap, la fonction, la qualité de sommeil et de vie. Il n’y a pas de différences entre les différents groupes concernant le nombre d’effets indésirables liés au traitement.
DISCUSSION
Cette étude apporte des éléments fondamentaux concernant la prise de paracétamol et son utilisation généralement admise concernant la lombalgie aiguë.
Néanmoins, certains éléments modèrent les résultats de cette étude. Les participants n’ont pas régulièrement pris la quantité recommandée de paracétamol. Certains participants ont également pris d’autres traitements durant l’étude malgré les conseils et les recommandations donnés par les auteurs.
Il serait intéressant de comprendre pourquoi le paracétamol a montré une efficacité dans certaines pathologies aiguës mais pas dans la lombalgie aigüe.
Fabrice Mallard D.C