ÉTUDE – Effets des soins chiropratiques sur la qualité de vie des patients
Introduction
Les troubles musculo-squelettiques sont parmi les problèmes de santé les plus fréquents et sont considérés comme étant la première cause d’invalidité dans le monde [1]. La prévalence des lombalgies aux États-Unis se situe autour de 20 % et entraînerait des coûts estimés à 34 milliards de dollars [2]. L’objectif de l’étude de Hays et al. était d’évaluer les impacts des soins chiropratiques sur différents indicateurs de la qualité de vie en lien avec la santé (health-related quality of life, HRQOL) pour les personnes aux prises avec des lombalgies ou des douleurs cervicales chroniques.
Méthodologie
Il s’agit d’une étude prospective longitudinale d’une durée de trois mois. Les cliniques de chiropratique ont été recrutées dans 6 états distribuées dans plusieurs régions géographiquement représentatives des États-Unis (San Diego, Californie; Tampa, Floride; Minneapolis, Minnesota, Seneca Falls/Upstate, New York; Portland, Oregon et Dallas, Texas). Environ 20 cliniques par site géographique ont été invitées à participer à l’étude. Les patients âgés de 21 ans et plus et présentant une lombalgie ou une douleur cervicale chronique (c.a.d. une douleur présente depuis au moins trois mois avant une première visite chez le chiropraticien) étaient admissibles à l’étude. L’outil auto-administré PROMIS® – 29 v2.0 (Patient Reported Outcomes Measurement Information System) a été utilisé afin d’évaluer l’impact des soins chiropratiques sur les indicateurs de qualité de vie en lien avec la santé [3]. Cette version du l’outil PROMIS® permet d’évaluer 7 dimension de la qualité de vie (dépression, anxiété, fonction physique, interférences dues à la douleur, fatigue, perturbation du sommeil et la capacité à participer à des activités sociales). Dans cette études, six échelles ont été soit : la capacité physique, la douleur, la fatigue, la perturbation du sommeil, la santé sociale et la détresse émotionnelles [4] Pour chacune de ces échelle la valeur de références de la population américaine est de 50 (déviation standard de 10)(p.ex. une valeur de 60 pour la fatigue signifie que la fatigue rapportée par le répondant est supérieure à la population américaine en général) [5]. Des analyses t-test ont été effectuées pour comparer les valeurs moyennes pour l’ensemble du groupe à l’entrée dans l’étude et après une période de traitement de trois mois. Le coefficient de consistance interne (internal consistency reliability coefficient) a aussi été mesuré afin de vérifier la fidélité de la mesure. Pour ce qui est des résultats rapportés au niveau des individus, le coefficient de variation de reproductibilité (coefficient of repeatability) a été estimé afin de déterminer la proportion de participants répondant le mieux aux traitements (meilleurs répondeurs) [6]. Ainsi l’amplitude des changements sur une base individuelle a été quantifiée et a permis de classer les patients en trois catégories (état aggravé, aucun changement et état amélioré ou meilleurs répondeurs).
Résultats
Au total 2024 patients provenant de 125 cliniques chiropratiques ont été recrutés pour participer à l’étude. De ce nombre, 1835 (91%) ont complété l’étude d’une durée de trois mois. L’âge moyen des participants étaient de 49 ans (étendue : 21-95), 74 % d’entre eux étaient des femmes. À leur entrée dans l’étude, les participants ont rapporté une douleur plus forte, un état physique fonctionnel plus détérioré, une santé physique globale plus faible, plus de fatigue et une perturbation du sommeil plus élevé que la valeur de référence moyenne américaines (T-score). Pour l’ensemble du groupe, une amélioration significative entre les valeurs mesurées à l’entrée dans l’étude et celles mesurées après un traitement de trois mois a été observée pour 5 des 6 dimensions évaluées (capacité physique, douleur, fatigue, perturbation du sommeil, santé sociale) (p < 0,001 pour tous). Une amélioration significative a aussi été observée en ce qui a trait à la santé physique et la santé mentale globale (p < 0,001). Seul l’item de détresse émotionnelle n’a pas changé significativement après un traitement chiropratique de trois mois. La plus grande amplitude de changement a été observée au niveau de la douleur et la perturbation du sommeil. Au niveau des changements individuels, la proportion de patients répondant mieux aux traitement (état amélioré) se situait entre 13 % et 30 % (capacité physique 13%, douleur 17%, fatigue 23%, perturbation du sommeil 14%, santé sociale 21%, détresse émotionnelle 16%, santé physique globale 14% et santé mentale globale 30%).
Conclusion
Cette étude démontre que les soins chiropratiques sont associés à une amélioration significative de la qualité de vie liée à la santé. Toutefois, seule une minorité des personnes de l’échantillon ont été classé comme meilleurs répondants (amélioration individuelle significative). Cette étude suggère certains avantages de la chiropratique sur l’état physique et le bien-être des patients et appuie l’utilisation des soins chiropratiques comme option de traitement pour les patients atteints de lombalgies ou de douleurs cervicales chroniques.
Titre original
Group and Individual-level Change on Health-related Quality of Life in Chiropractic Patient with Chronic Low Back or Neck Pain
Auteurs: Hays, R.D1., Spritzer, K.L.1, Sherbourne, C.D.2, Ryan, G.W.2, Coulter, I.D3.
1Division of General Internal Medicine & Health Services Research, UCLA Department of Medicine, Los Angeles, CA
2RAND Health, Santa Monica, CA
3UCLA School of Dentistry, Los Angeles, CA
Réréfence: Spine 2018 Oct 11. doi: 10.1097/BRS.0000000000002902. [Epub ahead of print].
Références complémentaires
- Vos, T., et al., Years lived with disability (YLDs) for 1160 sequelae of 289 diseases and injuries 1990-2010: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2010. Lancet, 2012. 380(9859): p. 2163-96.
- Gaskin, D.J. and P. Richard, The economic costs of pain in the United States. J Pain, 2012. 13(8): p. 715-24.
- Deyo, R.A., et al., Report of the NIH Task Force on research standards for chronic low back pain. J Pain, 2014. 15(6): p. 569-85.
- Hays, R.D., et al., PROMIS((R))-29 v2.0 profile physical and mental health summary scores. Qual Life Res, 2018. 27(7): p. 1885-1891.
- Liu, H., et al., Representativeness of the Patient-Reported Outcomes Measurement Information System Internet panel. J Clin Epidemiol, 2010. 63(11): p. 1169-78.
- Bland, J.M. and D.G. Altman, Statistical methods for assessing agreement between two methods of clinical measurement. Lancet, 1986. 1(8476): p. 307-10.