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Effet des soins chiropratiques de maintien sur la douleur chez les patients avec lombalgie persistante et récurrente

Titre original : The Nordic maintenance care program: maintenance care reduces the number of days with pain in acute episodes and increases the length of pain free periods for dysfunctional patients with recurrent and persistent low back pain – a secondary analysis of a pragmatic randomized controlled trial

auteurs: Andreas Eklund, Jan Hagberg, Irene Jensen, Charlotte Leboeuf-Yde, Alice Kongsted, Peter Lövgren, Mattias Jonsson, Jakob Petersen-Klingberg, Christian Calvert and Iben Axén

référence: Chiropr Man Therap 2020 Apr 21;28(1):19. doi: 10.1186/s12998-020-00309-6.

Résumé réalisé par Renée Drolet, PhD

Introduction :

La lombalgie chronique représente une des principales causes d’absentéisme et d’invalidité dans la société occidentale. Cette pathologie représente un fardeau non seulement pour la personne atteinte, mais également pour la société [1,2]. Des études antérieures ont démontré que les traitements manuels prodigués par les chiropraticiens seraient efficaces pour réduire l’intensité de la douleur [3,4]. Les soins de maintien constituent un traitement secondaire / tertiaire où les patients sont traités à intervalles réguliers sur des périodes plus ou moins longues dans le but de maintenir l’effet initial des traitements de premier ordre et prévenir l’apparition de futurs épisodes de douleur aiguë [5,6]. Récemment, un essai clinique randomisé mené par une équipe suédoise a mis en évidence qu’une stratégie de traitement axée sur les soins de maintien serait efficace pour réduire le nombre de jours avec douleur sur une période d’un an [7,8]. La présente étude est une analyse secondaire de cet essai clinique randomisé dont l’objectif était de comparer le nombre de jours avec des épisodes de douleurs aiguës ainsi que la durée des périodes sans symptômes chez le groupe recevant des soins de maintien comparativement à un groupe de patients recevant des traitements lors d’épisode de douleur [7,8].

 Méthode

Les patients ont été recrutés entre 2012 et 2016 dans 40 cliniques chiropratiques suédoises. Les patients du groupe intervention (soins de maintien, SM), la séquence des visites subséquentes (après la phase de douleur aiguë)  était planifiée de façon régulière avant l’apparition des symptômes, alors que les patients du groupe contrôle (C) étaient traités en fonction de l’apparition des symptômes ou de la douleur. Le résultat primaire analysé était le nombre de jours dans douleurs invalidantes. Ainsi, chaque semaine, les participants étaient invités à documenter le nombre de jours où ils ont été affectés par une douleur lombaire via messagerie texte. Les dates des visites ainsi que les détails du dossier clinique de chaque patient ont été recueillis et ont servi à modéliser l’analyse de la trajectoire des patients [7].

Résultats

Au total, 319 patients ont participé à l’étude soit, 161 dans le groupe SM et 158 dans le groupe C. L’analyse de la trajectoire de la douleur indique les patients du groupe C ont rapportés une augmentation plus forte de la douleur dans les semaines précédant les visites et dans les semaines de traitements, alors que la trajectoire de la douleur était plus stable dans le groupe MC (c’est-à-dire que le niveau de douleur était similaire, peu importe la période). Les patients du groupe MC ont également rapporté un nombre plus élevé de journées sans douleur durant la période de l’étude. Lorsqu’une analyse de sous-groupe incluant seulement les patients ayant un niveau de douleur plus élevé (n=73) (c’est-à-dire une douleur affectant les activités quotidiennes, évaluée selon un outil multidimensionnel [9].les patients du groupe MC ont rapporté en moyenne 9,8 semaines (IC 95 % 3,3,-16,3)  de plus sans douleur que le groupe C durant les 12 semaines de l’étude.

Conclusion

Les résultats démontrent que les soins de maintien peuvent avoir un impact positif sur le nombre de jours sans douleur sur une période d’un an. Cette différence est plus marquée pour les patients présentant des douleurs plus intenses et invalident, supportant l’idée que les soins de maintien peuvent améliorer la trajectoire des patients souffrant de lombalgie intense pouvant affecter les activités de la vie quotidienne.

Forces de l’étude:

Devis de l’étude (essai clinique pragmatique)

L’essai clinique pragmatique permet de se rapprocher des conditions réelles de la mise en œuvre du traitement.  En effet,  dans ce type de devis, l’intervention est flexible et tient compte de la pratique habituelle, l’intervention est souvent comparée à la prise en charge habituelle.

Méthodologie adéquate: méthode de recrutement bien décrite, indicateurs d’efficacité bien définis, analyses statistiques adéquates (voir protocole de l’étude [7]).

Population diversifiée : La population étudiée est représentative de la population visée (diversité ethnique, âge, etc.).

Nombre de participants analysés est suffisant pour assurer une puissance statistique adéquate.

Durée de l’étude : 1 an permet d’évaluer les effets des soins de maintien à long terme et d’étudier la trajectoire de la douleur sur une longue période

Limites de l’étude:

Définition de la pathologie imprécise : pas de critère spécifique pour définir la lombalgie, la récurrence ou le degré d’atteinte (impossibilité de faire des analyses de sous-groupe).

Critères d’inclusion larges et imprécis (typique des essais cliniques pragmatiques).

L’intervention étudiée ne permet pas une assignation « à l’insu » des participants  ou des évaluateurs.

Variations dans les protocoles de traitements (protocoles non standardisés, selon la pratique clinique des chiropraticiens).

Références

  1. Hoy D, Bain C, Williams G, March L, Brooks P, Blyth F, et al. A systematic review of the global prevalence of low back pain. Arthritis Rheum. 2012; 64(6):2028–

 

  1. Hoy D, March L, Brooks P, Blyth F, Woolf A, Bain C, et al. The global burden of low back pain: estimates from the global burden of disease 2010 study. Ann Rheum Dis. 2014;73(6):968–

 

  1. Stochkendahl MJ, Kjaer P, Hartvigsen J, Kongsted A, Aaboe J, Andersen M, et al. National clinical guidelines for non-surgical treatment of patients with recent onset low back pain or lumbar radiculopathy. Eur Spine J. 2017.

 

  1. National Guideline Centre (UK). Low Back Pain and Sciatica in Over 16s: Assessment and Management. London: National Institute for Health and Care Excellence (UK); 2016. (NICE Guideline, No. 59.). Available from: https:// ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK401577/.

 

  1. Breen A. Chiropractic in Britain. Ann Swiss Chiropractors’ Assoc. 1976;6:207–

 

  1. Mitchell M. Maintenance care. Some conciderations. ACA J Chiropractic. 1980;17:53–

 

  1. Eklund A, Axen I, Kongsted A, Lohela-Karlsson M, Leboeuf-Yde C, Jensen I. Prevention of low back pain: effect, cost-effectiveness, and cost-utility of maintenance care – study protocol for a randomized clinical trial. Trials. 2014;15(1):102.

 

  1. Eklund A, Jensen I, Lohela-Karlsson M, Hagberg J, Leboeuf-Yde C, Kongsted A, et al. The Nordic maintenance care program: effectiveness of chiropractic maintenance care versus symptom-guided treatment for recurrent and persistent low back pain-a pragmatic randomized controlled trial. PLoS One. 2018;13(9):e0203029.

 

  1. Eklund A, Jensen I, Leboeuf-Yde C, Kongsted A, Jonsson M, Lovgren P, et al. The Nordic maintenance care program: does psychological profile modify the treatment effect of a preventive manual therapy intervention? A secondary analysis of a pragmatic randomized controlled trial. PLoS One. 2019;14(10):e0223349.

outil: West-Haven Yale multidimensional pain inventory