Le choix du premier intervenant pour le traitement d’un épisode de lombalgie aiguë influence l’utilisation subséquente des services de santé.
Titre original: First Provider Seen for an Acute Episode of Low Back Pain Influences Subsequent Health care Utilization
Auteurs: Christopher G Bise , Michael Schneider, Janet Freburger , G Kelley Fitzgerald , Galen Switzer , Garry Smyda , Pamela Peele , Anthony Delitto
Physical Therapy, pzad067, https://doi.org/10.1093/ptj/pzad067
Introduction
Les troubles musculosquelettiques sont très fréquents dans la population active en Amérique du Nord. La présence d’une telle condition a été rapportée pour près de 54% de la population adulte aux États-Unis, la condition la plus fréquente étant les lombalgies [1, 2]. Les consultations pour des lombalgies représentent de 2,5% à 3% de l’ensemble des visites médicales annuelles aux États-Unis et représentent une dépense de l’ordre de 85 milliards de dollars [1, 2]. Le recours à l’imagerie, aux infiltrations, à la chirurgie et à la prescription d’opioïdes font partis de l’arsenal de traitements couramment utilisés pour soulager les douleurs lombaires [3-5]. Des études récentes suggèrent que le choix de l’intervenant en première ligne pourrait influencer les recours subséquents aux services de soins de santé. L’objectif de cette étude est d’examiner l’association entre le choix du patient en ce qui a trait au choix du professionnel de santé pour la prise en charge initiale de la lombalgie et l’utilisation des services de santé dans les 12 mois suivant leur première visite.
Méthode
Des informations ont été extraites à partir des bases de données d’une compagnie d’assurance regroupant plus de 1,7 millions de bénéficiaires. Des analyses rétrospectives ont été effectuées afin d’identifier le premier intervenant rencontré pour un nouvel épisode de lombalgie entre le 1er juillet 2015 et le 30 juin 2018 ainsi que l’utilisation des soins de santé dans les 12 mois suivant la première visite. Des analyses statistiques (régression de COX) ont été utilisées pour évaluer l’utilisation des soins de santé en relation avec le choix du premier intervenant.
Résultats
La cohorte était composée de 29 806 participants. Trois points d’entrée principaux comptant pour 75% des premières visites ont été identifiés soit : les soins de première ligne (médecin généraliste) (n = 15199, 51%), la chiropratique (n = 4971, 17%) et l’urgence (n = 2895, 10%). Les autres professionnels consultés incluaient des chirurgiens (orthopédie ou neurochirurgie) (n = 2475, 8,3), des médecins spécialistes (rhumatologie ou physiatre) (n = 2692, 9%) ou un physiothérapeute (n = 1226, 4,1%). Les patients ayant effectué une consultation à l’urgence, avec un chiropraticien ou avec un physiothérapeute ont connu un épisode de lombalgie de plus courte durée (35 jours, EIQ : 10,7; 35 jours, EIQ : 10,95 et 37 jours, EIQ : 18,7, respectivement). Le coût moyen total des soins était également moins élevé pour les patients ayant consulté un chiropraticien ou un physiothérapeute alors que le coût le plus élevé était observé chez les patients ayant consulté en chirurgie ou à l’urgence. Au total, 55% des patients ayant consulté un spécialiste ont reçu des infiltrations (agent anesthésiant, stéroïdes ou autre agent thérapeutique) pour le traitement de la lombalgie comparativement à moins de 5% pour ceux ayant visité un chiropraticien et 15% pour une visite avec un physiothérapeute. Les taux de prescription d’opioïdes étaient plus élevés chez ceux qui avait choisi l’urgence (55%) et les soins spécialisés (39%) alors que ces taux étaient plus bas pour ceux ayant choisi les soins chiropratiques (5%) et la physiothérapie (11%). Les patients ayant consulté un chiropraticien ou un physiothérapeute ont eu moins recours à la chirurgie.
Conclusion
Les patients ayant choisi les soins chiropratiques et la physiothérapie comme premier intervenant ont connu des épisodes plus courts de lombalgie et ont eu moins recours aux services de santé telle que la prescription d’opioïdes, d’infiltration ou d’imagerie dans les 12 mois suivant leur première visite. Les coûts des soins relatifs à l’épisode de lombalgie étaient également moins élevés pour cette catégorie de patients. Les soins chiropratiques et la physiothérapie préconisent des interventions non pharmacologiques et non chirurgicales, basées sur les lignes directrices et semblent liées à une diminution de l’utilisation des soins de santé à moyen terme.
Limites de l’étude
Il s’agit d’une étude rétrospective effectuée à partir d’une base de données d’un assureur privé. Ce qui peut ne pas être totalement représentatif de l’ensemble de la population aux États-Unis.
Les intervenants non-médecins tels que les chiropraticiens ou les physiothérapeutes ne peuvent prescrire de médication et seuls les chiropraticiens peuvent faire des radiographies ou prescrire des services d’imagerie, ce qui pourrait influencer le traitement prodigué par ces deux intervenants.
Il se peut qu’il y ait des facteurs pouvant influencer le choix du premier intervenant par un patient. Ainsi, les personnes choisissant un thérapeute non-médecin pourraient être plus enclins à essayer de nouveaux traitements et à effectuer une prise en charge personnelle (exercices, nutrition, réhabilitation physique).
L’étude a été réalisée dans un contexte américain qui diffère grandement du contexte des soins de santé au Québec.
Références
- Deyo, R.A., S.K. Mirza, and B.I. Martin, Back pain prevalence and visit rates: estimates from U.S. national surveys, 2002. Spine (Phila Pa 1976), 2006. 31(23): p. 2724-7.
- Martin, B.I., et al., Expenditures and health status among adults with back and neck problems. JAMA, 2008. 299(6): p. 656-64.
- Gore, M., et al., The burden of chronic low back pain: clinical comorbidities, treatment patterns, and health care costs in usual care settings. Spine (Phila Pa 1976), 2012. 37(11): p. E668-77.
- Webster, B.S., et al., The cascade of medical services and associated longitudinal costs due to nonadherent magnetic resonance imaging for low back pain. Spine (Phila Pa 1976), 2014. 39(17): p. 1433-40.
- Webster, B.S., S.K. Verma, and R.J. Gatchel, Relationship between early opioid prescribing for acute occupational low back pain and disability duration, medical costs, subsequent surgery and late opioid use. Spine (Phila Pa 1976), 2007. 32(19): p. 2127-32.
Résumé réalisé par Renée Drolet, Ph.D., Juin 2023